Matinale dédiée à la sobriété : l’essentiel

Vendredi 17 mars 2023, le SIGERLy a organisé une matinale sur la thématique « Vers une sobriété choisie, juste et collective ». Nous vous faisons (re)vivre les temps forts de cet événement !

 

9h20 – Préambule d’Eric Perez, Président du SIGERLy

Après avoir souligné la complémentarité de la sobriété et de la performance énergétique, le Président a rappelé que de nombreux Français subissaient la sobriété. Et dans le cas où cette sobriété est choisie, il reste essentiel de l’encadrer et de l’organiser.

9h25 – Ouverture de Vanina Nicoli, préfète, secrétaire générale de la préfecture du Rhône

La Préfète a tout d’abord mis en exergue que la prise de conscience du changement climatique était de plus en plus généralisée. Combinée au contexte géopolitique qui a généré une crise énergétique, elle donne lieu à une accélération de la volonté d’être plus performant énergétiquement mais aussi plus sobre. L’État a répondu avec la mise en place d’outils financiers, comme le plan de relance avec la DSIL-RT et plus récemment le Fonds vert. Il agit aussi au niveau de la formation de professionnels capables de mener les projets mais aussi de contrôler qu’ils portent leurs fruits. Plus généralement, Vanina Nicoli a insisté sur la place centrale des collectivités et l’importance d’acteurs comme le SIGERLy pour réussir la transition énergétique.

 

9h35 – Table- ronde n°1 : récits de de deux élus qui ont dû trouver des solutions cet hiver

 

 

Antoine Colliat, adjoint à la transition énergétique de la ville de Villeurbanne

Après avoir précisé que la sobriété est une question qui se posait à Villeurbanne avant la crise énergétique, il a détaillé les mesures appliquées cet hiver : mise en chauffe retardée d’une demie-heure le matin et stoppée 1h avant la fin de la journée, consigne à 19° appliquée dans les bâtiments publics (sauf halte-garderie et crèche qui n’ont pas de sols chauffants et résidences accueillant des seniors), abaissement de la température dans les gymnases, baisse d’un degré de la température de l’eau dans les piscines, adaptation des horaires des bébés nageurs en lien avec une association. Les résultats provisoires indiquent que sur le réseau de chauffage urbain en 4 mois, on enregistre une baisse de la consommation énergétique de 18%. Sur les bâtiments gaz en 2 mois, la diminution atteint 20%.

Antoine Colliat a aussi expliqué que la commune a mis en place une campagne de communication dans les bâtiments publics pour sensibiliser sur l’utilisation du chauffage, accompagnée d’échanges avec les agents et de transmission de thermomètres. Il a mis en évidence l’importance du comportement de chacun en complément des mesures techniques, mais aussi l’inscription de cette démarche dans le temps.

A noter que Villeurbanne se lancera prochainement dans le dispositif du CEREMA Cube.Ecoles.

 

Nicolas Pasty, conseiller délégué à la Transition énergétique de la ville de Neuville-sur-Saône

L’élu a raconté que la commune a essayé d’appliquer toutes les consignes, et qu’elles doivent s’inscrire dans un travail de fond. Ces mesures d’urgence ont vocation a devenir la norme. Il a aussi mis l’accent sur le fait que le contexte énergétique au début de l’hiver 2022-2023 a précipité certaines décisions et les a rendues envisageables. La contrainte économique a accéléré le processus.

Il estime que les actions de pédagogies instaurées auprès des usagers des bâtiments publics permet la duplication des bons comportements dans la vie personnelle.

 

 

10h20 – Table ronde n°2 : la sobriété au cœur de la transition 

 

Albert Ritzenthaler, rapporteur de la publication du CESE Quelles politiques pour favoriser l’évolution de la société vers la sobriété ?

Le CESE a travaillé sur une définition de la sobriété : « un ensemble de mesures collectives et systémiques au sein desquelles s’élaborent des pratiques quotidiennes qui organisent la juste répartition tout en réduisant la demande en énergie, sols et eau, afin de garantir les droits fondamentaux et des conditions de vie dignes des personnes, dans les limites planétaires ».

Pour être sobre, Albert Ritzenthaler pense qu’il faut en avoir les moyens. Le débat doit donc s’inscrire dans une logique de justice sociale et prendre en compte les inégalités (de genre notamment, qui sont très peu mises en avant). L’enjeu est de faire en sorte que la justice sociale soit considérée dès le départ dans l’élaboration des politiques publiques (et pas a posteriori, de façon compensatoire). La participation citoyenne est ainsi fondamentale.

 

Emmanuel Goy, directeur adjoint Auvergne-Rhône-Alpes de l’ADEME

Il est tout d’abord revenu sur les scenarii pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 élaborés par l’ADEME. La sobriété est l’un des leviers de ces scenarii, poussé plus ou moins loin.

Emmanuel Goy a également expliqué que la sobriété est souvent vue comme une contrainte, alors qu’elle nous ramène des marges de manœuvre. Ce concept a été censuré durant de nombreuses années. Toutefois, ce sujet est de plus en légitime.

 

Laurent Chanussot, responsable efficacité énergétique d’AURA-EE

Selon lui, la sobriété interroge le besoin, mais aussi le bon sens. Il existe plusieurs types de sobriété : de l’espace, d’usage (c’est-à-dire « consommer quand j’en ai besoin » ; à titre d’exemple, les veilles représentent 11% de la consommation d’électricité des ménages français), de mutualisation.

Dans le cadre du plan de sobriété déployé dans les lycées de la Région, Laurent Chanussot a pu constater que ces établissements scolaires étaient utilisés environ 20% du temps, ce qui est très peu. Cela relativise ainsi la capacité des utilisateurs à avoir un impact sur les économies d’énergie. Toutefois, la sensibilisation des usagers reste fondamentale car il a un rôle à jouer, en complément des solutions technologiques mises en place pour limiter les consommations d’énergie.

 

 

11h20 – Table ronde 3 : la sobriété à l’épreuve du quotidien

Amélie Mariller, co-fondatrice et co-gérante de la coopérative Atelier Pop Corn, administratrice de l’association VAD (Ville et Aménagement Durable)

En s’appuyant sur son métier lié à l’assistance à maîtrise d’usage, elle a expliqué que la rénovation d’une école constitue le meilleur moment pour agir sur les comportements, car l’interface va de toute façon évoluer.

Elle a ensuite partagé son constat que dans le cahier des charges de ce type de réhabilitation, la sensibilisation des usagers est prévue très en aval (confiée à l’exploitant), sans forcément de segmentation des profils d’usagers. Elle, de son côté, essaie de remonter la chaine le plus haut possible, voire de croiser le diagnostic technique avec le diagnostic d’usage en amont du programme de rénovation. Cette consultation en amont permet aussi de créer de la confiance avec les usagers.

 

Mathias Guérineau, maître de conférences à l’Université de Nantes (au LEMNA), qui travaille sur la sobriété en tant que nouveau paradigme de gestion et d’organisation

Au sein des collectivités, il remarque que l’amalgame entre sobriété et efficacité est de moins en moins répandu. Pour lui, la sobriété est un moyen et non une fin (un moyen de justice sociale, de résilience…).

Il a ensuite mis en perspective les approches individuelles qui ont été mises en place cet hiver, avec une sobriété qui se penserait à un niveau plus collectif (« la sobriété gouvernée ») qui tend à créer plus d’engouement. Il n’y a pas de recette unique à la sobriété, d’où l’intérêt de l’élaborer collectivement.

Le nerf de la guerre selon Mathias Gérineau, c’est la question des investissements  – voire des sous-investissements – donc des finances. Si l’on fait de la sobriété à grande échelle, cela remet en question le modèle économique des villes qui sont jusqu’à maintenant construites sur les économies d’échelle (elles anticipent l’augmentation des flux pour amortir leurs infrastructures).

 

Pascal Lenormand, ingénieur sobriété énergétique et designer énergétique chez Incub’

Il a commencé par souligner l’énorme gisement d’économies d’énergie lorsque les bâtiments sont inoccupés. Toutefois, il a ajouté que pour agir sur un paramètre, encore faut-il que ce soit techniquement possible de le faire (existe-t-il un bouton ? La commande est-elle accessible ? Le fonctionnement est-il compréhensible ?). Le bon sens n’est ainsi pas suffisant lorsque l’on parle de sobriété.

Dans le cadre de son travail, il parvient à obtenir des diminutions de 40 à 60 % de consommation énergétique seulement avec de la sobriété, sans travaux.

Pascal Lenormand pense qu’il y a globalement un niveau de compétence faible sur le confort et la sobriété, ce qui nous empêche de mettre en place des choses faciles (comme s’habiller davantage).

Dans les collectivités, il dénombre 3 types de publics : ceux qui décident (et rédigent les plans de sobriété), les agents qui doivent déployer concrètement la sobriété dans les bâtiments et les usagers (qui n’ont rien demandé). Ces 3 publics n’ont pas le même rôle et on ne peut pas raconter les mêmes histoires à ces gens. Il faut fabriquer du « mieux être ».

 

Julia Hidalgo, responsable de projets sobriété au CLER et animatrice du groupe de réflexion « Sobriété » du CLER et de Virage Énergie

Les besoins qu’elle identifie dans son groupe de travail sont liés à la suite des plans de sobriété, déployés dans l’urgence et très axés sur l’énergie. Il faut penser aux indicateurs et aux modes d’évaluation des politiques publiques mises en place… Pour elle, la question est maintenant : comment maintenant faire de la sobriété multi-enjeux de façon systémique pendant 365 jours ?

Julia Hidalgo a présenté la sobriété comme un changement de paradigme. D’où l’importance de construire un nouveau récit, avec l’appui des créateurs, des artistes, du monde de la culture.

 

12h40 – Intervention de Jacques Banderier, Directeur départemental des territoire de la Préfecture du Rhône

Il a abordé différents points liés au déploiement de la sobriété de façon individuelle et collective, au regard de sa connaissance du territoire et de ses pratiques.

 

13h – Le mot de la fin d’Eric Perez

Il est revenu sur notre « ébriété » énergétique, mise à mal par la baisse de nos capacités de production et contre laquelle la sobriété est une solution. Le Président du SIGERLy a également souligné l’importance d’impliquer les usagers dans tout projet de sobriété, avant de rappeler l’accompagnement du syndicat aux côtés de ses communes membres, en matière de sobriété et de performance énergétique, deux briques vers la transition.

 

Pour visionner le replay, c’est par ici !

 

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