Interview d’Agnès

Entrevue avec Agnès, responsable du service Gestion du patrimoine. Elle nous explique son parcours, ses missions et sa vision des enjeux à venir en matière d’énergie.
Quelles sont les grandes étapes de ta carrière ?
Après ma sortie de l’INSA (Institut national des sciences appliquées) en 1990, j’ai travaillé à l’APAVE lyonnaise en tant qu’ingénieure d’affaires au service énergie. J’élaborais des préconisations auprès de nos clients industriels pour réaliser des économies d’eau et d’énergie, notamment au niveau de leurs process. Après neuf ans à ce poste, je suis devenue consultante énergie au sein d’une filiale de l’Union sociale pour l’habitat, où je conseillais les bailleurs sociaux en matière de maîtrise de l’énergie.
En 2009, j’ai intégré le SIGERLy en tant que responsable du service Énergie, où j’avais en charge le Conseil en énergie partagé et le développement des énergies renouvelables. En 2015, suite au départ du responsable du service Concessions, une réorganisation s’est opérée au SIGERLy, qui m’a conduite à prendre la tête du nouveau service Gestion du patrimoine, regroupant les concessions, les achats d’énergies, les énergies renouvelables et, depuis l’année dernière, la lutte contre la précarité énergétique et les IRVE (Infrastructures de recharge de véhicules électriques).
Peux-tu nous en dire davantage sur ces deux nouveaux champs d’intervention ?
Lors du comité syndical du 15 décembre 2021, le SIGERLy s’est doté de ces deux nouvelles compétences. Côté précarité énergétique, j’ai travaillé cette année dans le cadre du programme PACTE -15 sur la ville test d’Oullins et identifié une liste de logements énergivores dans des zones à faible revenu moyen des ménages, grâce à des croisements de bases de données. Je suis en relation étroite avec la Métropole de Lyon, le CCAS d’Oullins et Soliha pour déterminer quelle suite donner à cette première étape de repérage des ménages potentiellement en situation de précarité énergétique.
Sur la compétence IRVE, nous déposerons en préfecture d’ici fin 2022 notre schéma directeur, qui récapitule les bornes de recharge existantes sur les huit communes hors Métropole de Lyon du SIGERLy, les besoins en points de charge identifiés d’ici 2025 et 2028 ainsi que notre stratégie de déploiement des bornes.
Concernant la gestion des concessions, compétence historique du Syndicat, y a-t-il du neuf à signaler ?

Intervention sur un compteur communicant Gazpar © Studio VDN / GRDF
Enedis nous incite à signer un nouveau contrat de concession, alors que celui qui court actuellement prendra fin en 2031. L’une des nouveautés proposées par le distributeur d’électricité est la mise en place d’un schéma directeur des investissements auquel nous serions associés. Cette nouvelle forme de gouvernance plus collégiale nous intéresse tout particulièrement, à conditions que les montants associés à ces investissements soient à la hauteur de nos attentes. Ce qui n’est absolument pas le cas actuellement… la négociation continue donc !
D’un point de vue plus technique, je pense qu’il faut investir massivement sur le pilotage des réseaux d’énergie en exploitant les informations remontées par les compteurs communicants, via notamment l’installation d’organes de manœuvre télécommandés. C’est la clé pour gérer efficacement nos réseaux qui doivent gagner en flexibilité et s’ajuster aux consommations en temps réel. D’autant plus qu’ils deviennent bi-directionnels, avec des producteurs et consommateurs d’énergie sur la même antenne.
Le nouvel accord-cadre 2024-2026 pour l’achat de gaz a bien occupé ton service cet été… place maintenant à l’accord-cadre pour l’ex-lot électricité premium ?
Effectivement, après avoir consulté les membres de notre groupement d’achat d’électricité premium en mai dans un contexte d’explosion des prix de l’énergie, le SIGERLy a décidé de repasser sur de l’électricité « classique » pour le lot en question. Le marché subséquent devrait être attribué à la fin du mois de septembre. A noter que deux nouvelles structures de poids nous rejoignent : l’INSA de Lyon et le centre nautique de Vénissieux.
L’enjeu sur les achats d’énergie, ce sont les PPA (Power purchase agreement). Ce type de contrat nous permettrait d’acheter en direct à un producteur d’énergie, ce qui sécuriserait les prix sur le long terme et éviterait d’être soumis aux fluctuations du marché. Nous espérons que nous pourrons rapidement les mettre en œuvre sur le plan juridique.
Où en est l’AMI (Appel à manifestation d’intérêt) dédié au déploiement du photovoltaïque que souhaite lancer le SIGERLy ?
Nous avons déjà rencontré une trentaine de communes qui sont intéressées pour solariser les toits de leurs bâtiments communaux. En parallèle, nous étudions finement la faisabilité des projets : les toits identifiés sont-ils bien exposés ? Contiennent-ils de l’amiante ? Devront-ils être rénovés prochainement ? L’objectif est d’établir une liste fiable de toits à solariser qui fera l’objet de notre AMI.
Pour réussir la transition énergétique, il faut monter en puissance rapidement sur les énergies renouvelables. Avec une évolution qui serait souhaitable pour les communes : une simplification des procédures régissant l’auto-consommation collective. Cela leur permettrait de concrétiser plus facilement des projets associant un ou plusieurs sites producteurs, alimentant en électricité différents bâtiments communaux ou appartenant à d’autres propriétaires.
Pour terminer, pourrais-tu nous expliquer ce qui te plait dans ton métier ?
Ce qui fait sa richesse, c’est sa transversalité ! L’énergie offre en effet la possibilité de toucher à de nombreux domaines. Cela se vérifie au sein de mon équipe avec qui je travaille en mode projet, où des expertises tant techniques que juridiques, financières, administratives sont mobilisées. Par ailleurs, je suis très régulièrement en interaction avec les autres services du SIGERLy, notamment par le biais des achats d’énergie qui impactent les services éclairage public et CEP (Conseil en énergie partagé). Cette approche globale est très enrichissante !