Givors
Cette commune métropolitaine de 20 000 habitants a deux actualités fortes avec le SIGERLy cette année : le renouvellement massif de son parc d’éclairage public et son adhésion à l’offre CEP (Conseil en énergie partagé). Rencontre avec Mohamed Boudjellaba, le maire de Givors.
Pour débuter, pourriez-vous revenir sur l’expérience de la Ville en matière d’extinction nocturne ?
En 2015, une majorité de Givordins a exprimé son souhait d’éteindre l’éclairage public de 00h30 à 4h30 à l’occasion d’un référendum. A peine plus de 3000 habitants ont participé, sur plus de 11 000 inscrits. Au cours des quatre années où l’extinction nocturne a été pratiquée, plusieurs difficultés ont émergé.
Il y a tout d’abord eu un sentiment de double peine pour les personnes travaillant en horaires décalés, bien souvent des femmes, qui en plus de ce rythme de travail différent, devaient réaliser leurs trajets dans l’obscurité. Par ailleurs, cette situation de convenait pas non plus aux services de secours et de sécurité car cela entravait leurs interventions. Enfin, l’extinction n’a pas permis d’engranger des économies d’énergie assez significatives. D’une part à cause de la consommation excessive de nos luminaires énergivores et d’autre part, car l’abonnement électrique correspondant à de telles consommations était au plus haut.
Qu’avez-vous alors décidé ?
Rallumer l’éclairage public faisait partie des engagements que nous avions pris lors de la dernière campagne municipale, nous l’avons donc rétabli. Toutefois, nous ne nous contentons pas de cela, car nous avions également promis de moderniser l’éclairage public et de faire baisser les consommations électriques. C’est pourquoi nous avons lancé un vaste état des lieux de nos points lumineux, avec l’appui du SIGERLy. Résultat : 2 086 luminaires sur plus de 4 000 avaient une puissance électrique supérieure à 150 watts, ce qui est très énergivore. Nous avons donc pris la décision de remplacer ces candélabres par des LED, en mobilisant plus de 2 millions d’investissement.
Combien allez-vous économiser sur vos consommations grâce à cet investissement ?
Nous estimons que lorsque le renouvellement sera terminé, en 2023, nous consommerons 55 % d’électricité en moins, ce qui représente 69 000 € d’économie annuelle (110 000 € moins 41 000 € de contribution aux travaux).
Au-delà de ces économies, la modernisation de l’éclairage public nous permettra aussi de moduler l’intensité lumineuse zone par zone, grâce à l’installation de 105 armoires d’horloges astronomiques, supervisée par le SIGERLy. Nous irons discuter avec les habitants de leurs besoins en matière d’éclairage, en prenant en compte les économies d’énergie et la sécurité. L’objectif est de s’inscrire dans un dialogue avec nos concitoyens, pas dans une écologie punitive.
Givors a récemment adhéré à l’offre CEP du SIGERLy. Pourquoi ?
Nous souhaitons nous faire accompagner sur le décret tertiaire car beaucoup de nos bâtiments communaux sont concernés. L’idée est de prendre les devants dès maintenant, afin de lancer les investissements nécessaires progressivement et pas d’un coup, au dernier moment. Un grand état des lieux a été enclenché sur l’ensemble de notre patrimoine bâti.
Certains des bâtiments concernés (la médiathèque, le théâtre, la salle Rosa Park, la Maison du Fleuve Rhône et quatre de nos écoles) entrent dans le périmètre de deux AMI (Appels à manifestation d’intérêt) dont le SIGERLy est lauréat en groupement avec d’autres collectivités, parmi lesquelles Givors pour l’AMI MERISIER et la Métropole pour l’AMI PEUPLIER. Faire partie de ces dispositifs avec le SIGERLy nous offre la possibilité de mutualiser les coûts, et donc, de rationaliser nos finances.
L’école Paul Langevin et la Maison du Fleuve Rhône font partie des AMI dont le SIGERLy est lauréat.
© Jacques Del Pino – Ville de Givors
Engagez-vous d’autres actions liées à la maîtrise de vos consommations d’énergie ?
Oui, nous agissons aussi en dehors de l’accompagnement du SIGERLy sur cette thématique. Par exemple, nous avons passé en LED les lampes des classes de toutes nos écoles, rénové notre calorifugeage thermique (isolation des installations d’eau et de chauffage) grâce aux CEE (Certificats d’économie d’énergie), acquis des véhicules électriques, déployé un système de gestion centralisée qui nous permet de contrôler à distance la température de nos bâtiments…
En complément de la maîtrise de nos consommations, nous souhaitons aussi produire de l’énergie, grâce à l’installation de panneaux photovoltaïques sur nos bâtiments communaux. Via des coopératives solaires ou en recourant à une structure privée, afin d’autoconsommer ou de revendre l’électricité à EDF, nous sommes ouverts à tous les types d’approches. Nous aimerions également développer le photovoltaïque avec des ombrières dans les parkings, sur les toits des habitants… Plus que jamais dans le contexte actuel, la diminution de notre dépendance aux fournisseurs fait sens… comme le concept d’autosuffisance !
Ce qui est intéressant avec une ville comme Givors, c’est que son échelle « à taille humaine » nous permet d’expérimenter. Avec en trame de fond : un changement de paradigme complet pour penser notre collectivité.