Zoom sur le SDAL de Francheville
Fruit de la coopération public-public entre le SIGERLy et le Cerema, le SDAL de Francheville a été finalisé en novembre. Focus sur quelques points saillants de ce document de référence !
Les raisons pour une commune de se doter d’un SDAL (Schéma directeur d’aménagement lumière) ne manquent pas :
- planifier à l’échelle globale de la commune et sur le long terme son parc l’éclairage public de demain ;
- constituer une base pour l’élaboration d’un PPI (plan pluriannuel d’investissement) qui permet de réduire la consommation du parc d’éclairage public (représentant en moyenne 41 % de la facture d’électricité des communes) ;
- respecter la réglementation (arrêté du 27 décembre 2018 et différentes normes) ;
- adapter l’éclairage aux usages de l’espace public à travers, par exemple, la temporalité ;
- limiter l’impact de l’éclairage sur la biodiversité, la santé humaine, le paysage et l’observation du ciel étoilé ;
- rationaliser le mobilier d’éclairage.
C’est pourquoi le SIGERLy encourage ses communes à se lancer dans la démarche ! Francheville fait partie de celles qui ont sauté le pas.
Le SDAL de Francheville a été réalisé par le Cerema et le SIGERLy, dans le cadre de la coopération public-public signée en décembre 2022. Il a en partie été financé par le programme Lum’ACTE dont le SIGERLy est lauréat. |
Un travail en trois phases
Au cours de l’année 2023, le SIGERLy et le Cerema ont élaboré une méthodologie commune pour la mise au point de SDAL (voir ci-dessous les grandes étapes).
Voyons concrètement comment cette méthodologie s’est traduite à Francheville, à travers quelques focus.
L’analyse territoriale
Cette carte, qui montre la géographie du territoire ainsi que l’organisation spatiale et urbaine, permet de comprendre l’environnement de la commune dans sa globalité. On se rend compte que Francheville dispose d’une grande variété d’espaces : urbains, naturels, agricoles…
Nous voyons ci-dessus la hiérarchisation et la typologie des usages de la voirie.
Sur cette carte, les réservoirs de biodiversité sont identifiés. On constate que trois vallons sont présents à Francheville. Pour ne pas créer de rupture au sein des corridors écologiques, des préconisations spécifiques en matière d’éclairage seront formulées.
L’état des lieux du parc d’éclairage public
Ces données sont issues du SIG, alimenté par les entreprises et le service travaux de la direction éclairage public du SIGERLy au fil des chantiers terrain.
Les lampes en place sont identifiées, quantifiées et géolocalisées. Le parc d’éclairage public de Francheville est globalement vieillissant, même si 26 % du parc est déjà passé en LED.
L’intérêt d’identifier les fortes puissances est de prioriser leur remplacement. On voit que 31 % du parc d’éclairage public de Francheville est constitué de lampes dont la puissance est égale ou supérieure à 150 W. Cela représente un important gisement d’économie potentielle quand on sait que l’équivalent LED de ce type de lampe se situe autour de 70-80 W (sans système de temporisation).
Scénarios
Les projections suivantes relèvent à proprement parler du PPI.
Une fois l’état des lieux réalisé, plusieurs scénarios sont établis. Ils permettent d’évaluer la baisse de consommation énergétique selon les actions entreprises.
A Francheville, il y a actuellement 2 049 luminaires, pour une puissance installée de 198 000 W. Ils sont allumés 3 940 heures par an, ce qui entraîne une consommation de 780 120 kWh.
- Scénario 1 : extinction totale de l’éclairage public de minuit à 5h. Ici, on agit seulement sur le temps d’éclairage, en le ramenant à 2 115 heures annuelles. Économie estimée : 46 %.
- Scénario 2 : rénovation totale de l’éclairage public. Dans ce cas, c’est la puissance installée qui va diminuer (passage de 198 000 W à 143 430 W). Économie estimée : 28 %.
- Scénario 3 : extinction totale de l’éclairage public et rénovation totale. Les deux actions précédentes sont combinées. Économie estimée : 61 %.
- Scénario 4 : extinction de 70 % du parc de minuit à 5h, abaissement à 50 % de 30 % du parc de 22h à 5h, rénovation à 100 %. Économie estimée : 58 %.
Préconisations
Elles s’appuient sur un travail collectif concernant la hiérarchisation des voiries auxquelles sont appliquées des « classes ». Ces dernières relèvent de la norme NF EN 13201 et sont liées à l’usage de la voirie. En découlent d’autres indicateurs techniques comme l’éclairement moyen de la voirie, le facteur d’uniformité de l’éclairement, la température de couleur et la luminance moyenne de surface.
Les élus et les agents techniques de la commune sont impliqués dans cette caractérisation.
Sur cette base, des préconisations d’abaissement et d’extinction sont proposées.
Des recommandations spécifiques sont aussi réalisées dans les zones où un conflit éclairage / biodiversité a été identifié. Dans ces espaces, il est proposé d’aller plus loin que la norme, et d’abaisser par exemple la température de couleur de 3 000 k à 2 700 k, voire plus encore dans les espaces naturels à préserver en allant jusqu’à 2200 k ou même ambre.
L’abaissement ou l’extinction constituent aussi des pistes d’action.
Des préconisations sont également présentées en matière de mobilier afin d’apporter une cohérence esthétique et une optimisation de la maintenance. A Francheville, 34 gammes de luminaires ont été répertoriées ! Pour éviter les surinvestissements lors du renouvellement du parc, il est proposé d’opter pour l’ovale bombé, le plus présent dans la commune à ce jour.
Restitution
Le SDAL est remis à la commune lors d’une réunion de restitution, où il est largement commenté. Ce document A3, d’une soixantaine de pages pour Francheville, s’articule autour de six parties :
- introduction générale,
- analyse du territoire,
- diagnostic du parc existant,
- cadre règlementaire et normatif de l’éclairage public,
- préconisations photométriques,
- préconisations matérielles et mobiliers d’éclairage.
L’avis de l’élu
Jean-Paul Vernat, adjoint délégué à la transition environnementale et au patrimoine de Francheville
« Nous sommes très satisfaits de la mission réalisée de concert par le SIGERLy et le Cerema. Cela nous a permis de prendre conscience de tous les enjeux liés à l’éclairage public, sujet qui n’était pas central jusqu’à maintenant. Nous avons réalisé que nous avions beaucoup de marge de progression pour améliorer l’état de notre parc et diminuer nos consommations. Les 50 % d’économies espérés permettront de compenser une part de l’investissement, conséquent, qui s’élève à 1,29 million d’euros. »